Les Achats au Cœur de la Transformation Industrielle
- fabre adrien
- 15 oct.
- 4 min de lecture
En 2025, les départements achats ne sont plus simplement des centres de coûts à optimiser. Ils deviennent des acteurs stratégiques majeurs, capables d’influencer la résilience économique, la souveraineté industrielle et la transition écologique de la France. Selon la 16ème édition de l’étude « Tendances et Priorités des Départements Achats 2025 » menée par AgileBuyer et le Conseil National des Achats (CNA), les directions achats sont confrontées à des défis sans précédent : défaillances fournisseurs, cyber-attaques, cartels, et pressions réglementaires croissantes en matière de RSE. Pourtant, ces défis ouvrent aussi des opportunités uniques pour repenser les chaînes d’approvisionnement et accélérer la réindustrialisation du pays.
1. Les Achats, Pilier de la Résilience Industrielle
Un contexte marqué par les risques et les tensions
En 2025, 65 % des directions achats considèrent le risque de défaillance fournisseur comme majeur, tandis que 42 % craignent les cyber-attaques. Ces chiffres reflètent une réalité économique fragile, où la dépendance à des fournisseurs parfois instables ou localisés dans des zones géopolitiquement sensibles menace la continuité des activités industrielles.
Pour y faire face, les acheteurs misent sur des stratégies proactives :
Double sourcing (69 % des directions achats),
Contrats long terme (56 %),
Sécurisation des approvisionnements (54 %).
Ces mesures visent à réduire les vulnérabilités et à garantir la stabilité des chaînes de valeur, un prérequis essentiel pour relancer une industrie française compétitive.
2. La RSE et la Décarbonation : Des Leviers pour une Industrie Durable
L’étude révèle que 57 % des directions achats estiment que la RSE entraîne des hausses de coûts. Pourtant, 78 % d’entre elles intègrent désormais des objectifs liés au développement durable dans leur stratégie. Pourquoi ? Parce que la réglementation (comme la directive CSRD ou la loi AGEC) et les attentes sociétales transforment la RSE en un impératif business.
51 % des directions achats intègrent le critère CO₂ dans le choix de leurs fournisseurs, contre 31 % en 2023.
47 % mesurent l’empreinte carbone de leurs achats, un bond de 24 points en deux ans.
Ces chiffres montrent que les achats ne sont plus seulement un centre de coûts, mais un levier d’innovation et de différenciation, notamment pour les industries lourdes et les secteurs exposés aux réglementations environnementales.
L’économie circulaire, une réponse aux surcoûts
Face à l’augmentation des coûts liés à la RSE, les acheteurs explorent des solutions comme l’économie circulaire. Cela implique :
La réutilisation des matériaux,
L’optimisation des emballages,
La mutualisation des ressources entre fournisseurs.
3. Relocalisation et Made in France : Un Regain d’Intérêt Mesuré
Si la relocalisation n’est plus la priorité absolue (seulement 30 % des directions achats y sont poussées par les tensions géopolitiques), elle reste un levier stratégique pour certains secteurs. Par exemple, 47 % des acheteurs dans la mécanique/équipement envisagent de relocaliser, principalement pour :
Réduire l’impact environnemental (62 %),
Sécuriser les approvisionnements (26 %).
Le Made in France, une valeur durable
Le critère « Made in France » est considéré par 60 % des directions achats dans leurs attributions de business, avec des pics à 91 % dans le luxe et 55 % dans la mode. Même si 19 % des acheteurs jugent encore son coût trop élevé, cette tendance montre une volonté croissante de soutenir l’industrie locale, malgré les défis de compétitivité.
4. L’IA et la Digitalisation : Accélérateurs de Performance
L’IA, un outil en pleine adoption
En 2025, 40 % des directions achats utilisent l’IA dans leur quotidien, contre 25 % en 2024. Ses applications sont variées :
Rédaction de courriels et cahiers des charges (44 %),
Sourcing et études de marché (40 %),
Automatisation des appels d’offres.
Comme le note Magdalena Fiedorczuk, CPO de Bureau Veritas : « L’IA va transformer la partie transactionnelle des achats, libérant du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée. »
La digitalisation, un impératif
Les outils collaboratifs (60 %) et la data analytics (38 %) dominent toujours, mais l’IA et les solutions de calcul d’empreinte carbone gagnent du terrain. Ces technologies permettent aux acheteurs de :
Optimiser les coûts,
Améliorer la traçabilité,
Anticiper les risques.
5. Les Achats, Acteurs Clés de la Réindustrialisation
Un rôle opérationnel et stratégique
Les achats ne se contentent plus de négocier des prix. Ils :
Cartographient les risques pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement,
Intègrent des critères RSE et carbone pour aligner les fournisseurs sur les objectifs de transition écologique,
Soutiennent la relocalisation et le Made in France pour renforcer la souveraineté industrielle.
Un métier en mutation
Avec 87 % des professionnels achats heureux dans leur travail et 80 % souhaitant rester dans la fonction, les achats attirent et fidélisent les talents. Pourtant, pour jouer pleinement leur rôle dans la réindustrialisation, ils doivent :
Renforcer leurs compétences en gestion des risques et en RSE,
Collaborer avec les écosystèmes industriels pour co-construire des solutions durables,
Innover dans leurs pratiques (économie circulaire, IA, mutualisation).
Conclusion : Les Achats, Fer de Lance de l’Industrie de Demain
En 2025, les achats ne sont plus une fonction support, mais un pilier de la réindustrialisation française. Entre résilience, décarbonation et innovation, ils ont les clés pour transformer les défis en opportunités. Comme le résume Olivier Wajnsztok, Directeur Associé d’AgileBuyer : « Les achats doivent minimiser l’impact des aléas tout en saisissant les opportunités pour adapter leurs relations fournisseurs. C’est un équilibre délicat, mais essentiel pour l’industrie de demain. »


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